Le don et la dette et leurs aléas ont fait l’objet d’interventions d’orateurs d’épistémologies différentes (sociologie, anthropologie) ainsi que de chercheurs, thérapeutes et intervenants sociaux.

Lundi 9 mars 2020

  • 9h
    Accueil et café
  • 9h30-10h 
    Présentation du fil rouge parcourant les journées.
    Marie-Christine de Saint-Georges, présidente et fondatrice de l’Ardoise Pivotante.
  • 10h15-11h30
    Symbolique ? Diabolique ? Les ambivalences du don.
    Philippe Chanial, professeur de sociologie, Université de Caen (CERREV), rédacteur en chef de La Revue du MAUSS.
  • 11h30-11h45
    Pause-café.
  • 11h45-13h
    Hors champ « L’enfer est pavé de bonnes intentions ». Le coût de l’altruisme dans le cinéma de Joachim Lafosse.
    Joachim Lafosse, cinéaste et scénariste (Nue Propriété, Elève libre, A perdre la raison, Les Chevaliers blancs, l’Economie du couple, Continuer, …)
  • 13h-14h
    Pause de midi. Lunch sur place et échanges.
  • 14h-15h15
    Donner le jour, mettre au monde : quel retour sur investissement ? Aux racines mêmes de l’éthique.
    Francis Martens, psychologue, anthropologue, psychanalyste, président de l’Association des psychologues praticiens d’orientation psychanalytique (APPPsy).
  • 15h15-16h30 
    La pratique clinique d’I. Boszormenyi-Nagy : une méthode et un style. Extraits vidéos (traduction simultanée en français).
    Jaap Van Der Meiden, PhD, contextual therapist VCW and system therapist NVRG, senior researcher at the Christian University of Applied Sciences (CHE), Ede and founder of the Institute Contextual Approach.

Mardi 10 mars 2020

  • 9h-10h
    L’éthique relationnelle, proposition originale et unique de la thérapie contextuelle. (tradution simultanée en français).
    Paul Hendrickx, contextual therapist, Trainer in contextual therapy and counseling, Gent.
  • 10h-10h30
    Pause-café.
  • 10h30-11h30 
    Pourquoi les psychanalystes, les sociologues et les anthropologues ne lisent-ils pas Nagy ?
    Pierre Michard, philosophe, docteur en psychologie, thérapeute contextuel et formateur à l’approche contextuelle.
  • 11h30-12h30
    L’éthique relationnelle au croisement d’autres disciplines. Quand un systémicien rencontre l’approche contextuelle.
    Sébastien Dupont, psychologue (PhD) et thérapeute familial (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg).
  • 12h45-14h00 
    Pause de midi. Lunch sur place et échanges.
  • 14h-15h15
    Donner, recevoir et prendre: facteur d’énergie? Travail autour d’une vignette d’un jeune en décrochage social.
    Guenièvre Ajili, psychologue, thérapeute du lien et travailleuse sociale, coordinatrice de jeunes TGD (en Très Grande Difficulté) au sein de l’association « La Bienvenue » à Paris.
  • 15h15-15h40
    Parole vive: « A la conquête de ma vie ».
    Jelyssa, 18 ans.
  • 15h40-16h40 
    L’écriture comme moyen de survie à une enfance calamiteuse.
    Lionel Duroy, journaliste et écrivain (Priez pour nous, Colères, l’Absente, Eugénia, Nous étions nés pour être heureux, …).
  • 16h40 
    Et maintenant ?

LES INJUSTICES: UNE FATALITÉ À TRAVAILLER.
Il n’est pas possible de vivre sans infliger des injustices ni d’en subir.
Les injustices relationnelles BLOQUENT le mouvement d’échange, amenuisent la sève du lien et en entament la confiance.
Peu ou prou.
Et tant pour nous que pour nos patients.

La sédimentation de la rancoeur (le cœur rance..) ne SE DISSOUT JAMAIS d’elle-même.
Quand la confiance ou la fiabilité dans les relations vitales est abîmée voire anéantie, nous savons que la violence n’est pas loin et fera feu de tout bois.

L’intense travail de restauration d’un dialogue dans le terreau familial soutenu par LA PARTIALITÉ MULTIDIRECTIONNELLE est notre profond choix clinique .
ET CE, QUEL QUE SOIT LE CHAMP CLINIQUE.

Selon notre choix habituel, les orateurs proviennent de champs de recherche très différents.

JEUDI 24 MARS 2022

Accueil des participants de 9h à 9h30
Introduction de la journée

« L’injustice atteint l’être dans …son être. Elle va de la blessure (et ses infections) à la négation de l’être. L’injustice impacte toutes les dimensions existentielles »
Marie-Christine de Saint Georges, fondatrice de l’Ardoise Pivotante, thérapeute contextuelle, formatrice, superviseuse individuelle et d’institutions de soin diverses.

Marie-Christine de Saint-Georges fut pendant plus de dix ans formatrice au Cefores-Chapelle aux Champs.
Son cursus systémique lui a permis de travailler avec quelques grandes pointures entre autres Carmine Saccu, Edith Tillmans à qui elle a consacré un livre sur le travail des métaphores et Siégi Hirsch.
Élève ensuite d’I.Boszormenyi-Nagy à Chexbres, elle y rencontre pendant plusieurs années Pierre Michard qui aujourd’hui a rejoint l’Ardoise Pivotante.
C’est lors des formations au Vietnam qu’elle se rend compte “concrètement“ de l’universalité  de l’approche de Nagy et de sa force thérapeutique. Ce qui lui donne l’impulsion pour fonder un centre de formation contextuelle.

A propos de son intervention
Les injustices sont inévitables entre humains.
Elles vont des blessures relationnelles d’autant plus profondes qu’elles ont lieu dans une relation particulièrement importante où  l’autre a de facto, en quelque sorte, le “pouvoir“ de faire mal, et où nous avons le ”pouvoir” de faire mal, jusqu’aux injustices hallucinantes des guerres, en passant par les injustices exercées sur ceux qui sont dépendants et  faibles : enfants, “fous”, malades, personnes âgées, enfants placés, etc…
Elles peuvent être infligées par nous, intervenants thérapeutiques si on néglige le travail difficile sur nos a priori qui mettent, entre nous et les personnes, un philtre dont nous ne savons même pas ce qu’il atteint.
Elles frappent l’humain et ricochent sur ses vulnérabilités psychiques;  
l’impact sur les proches, avec le risque d’une légitimité destructrice, entraîne des dégâts dans la confiance relationnelle voire des dégâts dans la confiance en la vie.
Comment travaillons-nous à tenter de la soigner ?
C’est ce que nous nous proposons de travailler avec vous aujourd’hui.

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« Les humains : des animaux comme les autres ? »
Calogero Montedoro, chercheur en sciences, en biologie évolutive du comportement.

Calogero Montedero est chargé de cours en cognition comparée et éthologie des primates à l’UCLouvain et doctorant au département de biologie. Il est passionné par l’évolution cognitive et sociale des grands singes.

A propos de son intervention
Les notions de justice et d’injustice que nous éprouvons trouvent leur origine dans notre histoire évolutive. Depuis Charles Darwin, fondateur du concept d’évolution, les techniques modernes ont permis de replacer l’humain au sein du règne animal et d’étendre la théorie de la sélection naturelle à une vision plus élargie des différents facteurs intervenant dans l’évolution des espèces. L’écologie comportementale retrace les mécanismes que les espèces ont mis en place pour s’adapter à leur environnement. Pour les espèces grégaires comme les primates, la socialité et les transmissions culturelles font partie intégrante de ces mécanismes adaptatifs. La conscience de soi, des autres et de leurs intentions joue un rôle important dans l’équilibre de la balance des coûts / bénéfices de chaque groupe.
Le critère biologique de justice dépend du système duquel on fait partie et relève d’un consensus auquel adhérent les membres du groupe. Il faut garder à l’esprit que toutes les observations des compétences des autres espèces animales sont réalisées sous le prisme de l’œil humain.

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Pause café

« Hope for justice without illusion » (traduction en français)
« Espoir de justice sans illusion »
Hanneke Meulink-Korf, PhD, (1948, Pays-Bas), professeur associé en théologie à l’Université d’Amsterdam et de Leiden. Elle pratique la thérapie contextuelle et la supervision.

Dès les années 70, Hanneke Meulink-Korf a été en contact avec Ivan Boszormenyi-Nagy.
Avec le regretté Dr. Aat van Rhijn, elle a écrit une dissertation sur le travail de Boszormenyi-Nagy, une réinterprétation dans la lignée de la philosophie d’Emmanuel Levinas.
Elle est l’une des initiatrices de programmes post-universitaires d’approche contextuelle pour les théologiens aux Pays-Bas, en Hongrie et en Roumanie et, plus récemment, à l’Université de Stellenbosch (Afrique du Sud).
Elle a publié plusieurs livres et articles. Avec le Dr Catherine Ducommun-Nagy et le Dr Greteke de Vries, Hanneke Meulink-Korf prépare un livre intitulé « Vitalizing by giving », qui sera publié en 2022 (African SUN Media).

A propos de son intervention
Dans l’œuvre de Boszormenyi-Nagy, nous remarquons l’écho de la voix de Buber : l’existence éthique n’est pas un mode d’être particulier, mais est inhérente au monde humain.
En étudiant le lien entre Boszormenyi-Nagy et Buber, il s’agit de voir ce qui les lie sans oublier la singularité de chacun, ce qui serait injuste pour l’un et l’autre. Notamment, l’approche contextuelle est une approche de thérapie familiale, aux prises avec la grande complexité relationnelle à l’œuvre au sein des familles.
Ainsi, le concept de « justice du monde humain » doit nous amener au cœur de cette complexité, en parlant des injustices relationnelles et situationnelles, plutôt que vers une forme d’idéalisation de la vie familiale.
C’est dans la pratique sobre et sans illusions que réside notre première responsabilité professionnelle en tant que thérapeute ou conseiller (social, pastoral, spirituel).
Une courte étude de cas nous aidera à illustrer notre propos.

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13h00-14h30 : Lunch

« Strengthening Connectedness in Close Relationships » (traduction en français)
« Solidifier la capacité à se connecter les uns aux autres »
Jaap van der Meiden, MCH, system and contextual therapist, senior lecturer and researcher at the Christian University of Applied Sciences Ede (CHE), and founder of the CHE Institute Contextual Approach.

A propos de son intervention
Cette présentation revisite la théorie contextuelle d’Ivan Boszormenyi-Nagy.  Celle-ci  étant complexe, son accessibilité et son application sont  souvent difficiles. Notre exposé vise à  appréhender les fondements de l’approche contextuelle en centrant notre intervention sur la question  de la justice chez l’homme.  Parce que tout être humain a un sens inné de la justice, il a le pouvoir de se connecter aux autres et de faire preuve de résilience en trouvant la motivation et l’espoir pour réparer les injustices.

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« La clinique de l’injustice familiale »
Pierre Michard, docteur en psychologie clinique, psychanalyste,  philosophe et thérapeute familial contextuel.

Pierre Michard est l’auteur du livre  «La thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagy »

A propos de son intervention
Y-a-t-il quelque chose d’injuste dans votre vie ? ». Le clinicien contextuel promeut un type de dialogue en prenant l’option de poser des questions autour de l’estime du juste et de l’injuste au sein même de l’intimité du lien familial. Par une telle opération le thérapeute révèle que toute relation longue a  « sa propre cour de justice » avec ses critères spécifiques pour jauger l’équité des prises de responsabilités et l’équilibre du donner et du recevoir entre les deux partenaires. De surcroît, les générations  passées restent en dialogue les unes avec  les autres;  même si ce dialogue ne peut  être parlé,  les ardoises et les comptes en souffrance de ces dites générations  mobilisent  un « héritage de justice », ingrédient majeur et  moteur de  la dynamique familiale.  Ces interpellations vives au sein du « tribunal intrinsèque de chaque relation et du tribunal intergénérationnel » sont les  forces essentielles qui déterminent l’axe de l’entretien contextuel dans un souci des générations futures.

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VENDREDI 25 MARS 2022

9h00 : Ouverture de la journée

« S’il te plaît, dessine-moi un chien noir »
Frédérique Van Leuven, psychiatre au Centre Psychiatrique Saint Bernard et à l’Equipe Mobile de Crise de la région du Centre.

Frédérique Van Leuven est co-auteure avec Cathy Caulier du livre  « Grandir avec un parent en souffrance psychique ».

A propos de son intervention
Quand un parent est hospitalisé en psychiatrie, soigner l’accueil de ses enfants permet de préserver le lien dans des familles très bousculées.  L’espace « Enfants » du Centre Psychiatrique Saint Bernard à Manage est un lieu où viennent se déposer, que ce soit dans l’informel du travail d’accueil, du travail de groupe ou de consultations familiales, toutes les dimensions de l’éthique relationnelle suscitées par la souffrance psychique grave. Injustice des ruptures familiales induites par des hospitalisations longues, responsabilisation des enfants, mise à mal de la dette de vie par les tentatives de suicide, injustice existentielle quand la maladie frappe une famille, mais aussi solidarités familiales fortes et apprentissage du don/contre don.  La capacité des enfants à faire surgir leurs questions est une très belle ressource.  La prendre en compte, c’est déjà prendre soin des générations suivantes.

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« L’ardoise fraternelle: que deviennent les comptes non réglés ? Travailler les injustices fraternelles et familiales, assainir les liens, éviter que l’injustice se répande »
Stéphanie Haxhe, Docteure en psychologie clinique et thérapeute de famille, formatrice et superviseuse au sein de l’Ardoise Pivotante.

Stéphanie Haxhe est coordinatrice de l’antenne « Familles » du SSM de Verviers, et participe à la formation de thérapeutes familiaux à Paris et à Strasbourg. Passionnée par la question des fratries, elle y a consacré de nombreux travaux.
Elle est l’auteure de plusieurs articles de thérapie familiale et d’un livre publié chez Érès en 2013 « L’enfant parentifié et sa famille ».

A propos de son intervention
La fratrie est le théâtre de bien des injustices, qu’elles soient situationnelles (les faits de la vie ou le hasard ne donnent pas les mêmes opportunités à chaque enfant), ou relationnelles (entre frères et sœurs, ou héritées d’injustices vécues avec les parents).

Quelles marques ces injustices laissent-elles, et quel goût ? Quand une injustice n’est pas dicible, que devient-elle ? (un membre de la fratrie est vu comme plus fragile et demande l’attention soutenue des parents ; un enfant s’épuise dans des dons au(x) parent(s) avec le sentiment que les autres vivent leur vie ; etc).  

Doit-on espérer que l’amertume disparaisse avec le temps ? Que l’indigeste trouve à être métabolisé ? Ou doit-on s’attendre à voir l’acidité pénétrer d’autres tissus, et demander réparation ailleurs, là où l’origine de l’injustice n’est peut-être même pas connue ?

En effet, ce qui s’est déposé en nous d’un vécu, comme toutes nos expériences fondatrices, ne reste pas cloisonné, séparé du reste de notre vie. Le vécu en fratrie continue à vivre dans nos autres relations : conjoint, amis, collègues, enfants…et ce, que nous l’interrogions ou non.

Ensemble nous regarderons de plus près quelques zones d’injustices vécues en fratrie, et nous aborderons l’importance de les rendre dicibles et de les travailler.

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Pause café

« Peut on s’approprier sa vie quand on est exilé et enfant de la guerre ? »
Marina Akiki, thérapeute contextuelle de couple et de famille, Master en sciences de l’éducation (EFISE), Université Paris X. 

Marina Akiki est coordinatrice du pôle clinique à l’Association Ecole et Famille du Val d’Oise, clinicienne de concertation formée au travail thérapeutique de réseau,  formatrice et responsable pédagogique à l’institut de formation à la thérapie Contextuelle-Paris (IFTC) et Membre de l’EFTA.

A propos de son intervention
Depuis des années, ce va-et-vient entre mes deux pays, celui de mes origines et celui qui m’a accueilli, génère chez moi des vagues d’émotions contradictoires… Demeurer, partir… Bouger, rester…. Donner et prendre…. Donner à ce pays qui m’accueille et rester…. Prendre ce qu’il me donne et entrevoir ici mon avenir ? Pourquoi suis-je partie de mon Liban d’origine ? : qu’ai-je donc à recevoir ici et que puis-je donner en retour ? Comment se résoudre à cet entre-deux sans issue, à m’admettre exilée définitive où que je vive ? Traverser les frontières… J’ai appris à le faire dès mon enfance. Combien de fois dans mon pays en guerre j’ai fait ces passages, des passages de frontières, combien de fois dans mon pays en guerre, je voyais ma famille survivre à un quotidien dont elle ne connaissait pas l’issue. Quel avenir construire ou imaginer quand, enfant, nous ignorions si nous allions vivre survivre ou mourir ?

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12h30-14h00 : Lunch

« Quand la décision d’éloignement devient un carburant au droit destructeur….Quels sont les risques du placement à l’adolescence s’il est vécu comme une injustice supplémentaire ? »
Sophie Houben, licenciée en psychologie clinique, thérapeute de famille, formatrice et superviseuse au sein de l’Ardoise Pivotante.

Sophie Houben travaille avec des adolescentes en grandes difficultés au sein d’une institution de placement de l’Aide à la Jeunesse (SRS « Maison Heureuse de Bellaire »).  Progressivement, elle intègre avec l’aide de l’équipe l’approche contextuelle dans la prise en charge de ces jeunes et leur famille.

A propos de son intervention
Dans le secteur de l’Aide à la Jeunesse, la mesure de placement en institution est parfois la seule envisageable. Mais quel est le vécu de cette décision pour le jeune et sa famille ? Quels risques et quelles conséquences sur les possibilités d’aide et de prises en charge ?
Dans notre travail avec les adolescentes placées en Service Résidentiel Spécialisé, le constat est qu’elles sont nombreuses à vivre cette décision d’éloignement comme une injustice.
Ces jeunes et leurs familles ont déjà bien souvent vécu un nombre important d’injustices, qu’elles soient le fait du destin, du lot de la vie (pauvreté, maladie, décès,…) ou qu’elles soient d’ordre relationnel. Au-delà de toutes les injustices subies, la mesure de placement présente le risque de se surajouter à la note accumulée, souvent déjà bien lourde.
Et si le placement venait empêcher les mouvements de confiance résiduelle entre elles et leurs familles ? Et si tout ceci venait donner du crédit à leurs droits destructeurs (envers elles-mêmes, envers autrui, envers le monde…) ?
Ce sentiment d’injustice augmenterait-il encore plus la méfiance de ces jeunes et leurs familles envers l’aide à la jeunesse et plus largement vis à vis de la société ? Si tel était le cas, le placement passerait largement à côté de son objectif initial, ce pourquoi nous devons apporter une attention cruciale à ces questions.

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« Tous ensemble pour éliminer les injustices au sein des tribunaux de la famille et garantir aux enfants le respect de leurs droits »
Marie-France Carlier, juge au Tribunal de la Famille et de la Jeunesse de Namur, division Dinant.
Dr. Jorge Gerra González, conférencier/formateur, médiateur, avocat de l’enfant, « Contact facilitator ».

Marie-France Carlier est passionnée par sa fonction, elle se lance dans un beau défi : adapter le modèle de Cochem au Tribunal de la Jeunesse Dinant, ce qui sera officialisé le 1er avril 2012. Le modèle dinantais, appelé modèle de consensus parental, ne cesse de s’améliorer grâce au travail de la Commission Interdisciplinaire Famille-Jeunesse fondée en janvier 2013.

De la maison du Droit à celle de la Psychologie en passant par celle de l’Économie Sociale, le Dr Jorge Gerra González essaye de comprendre la réalité de la famille et de partager ses connaissances pour susciter des questions et déclencher un débat constructif. Il a remarqué qu’il n’y a pas grand-chose à faire si on veut vraiment protéger l’enfant dans les procédures de famille.

Les 9 et 10 septembre dernier, ils faisaient tous deux partie du comité exécutif qui a organisé la conférence internationale du PASG sur la prévention des ruptures de liens dont le titre était : « Protecting the family ties after separation ».

A propos de leur intervention
La justice familiale n’est pas comparable aux autres litiges civils. Le but de la procédure spécifique est d’épargner autant que possible les enfants des couples en séparation et les mettre à l’abri de tout stress et de toute souffrance.
Dans cette optique, les parents qui saisissent la Justice ne devraient dès lors pas avoir une posture d’adversaire car ils doivent continuer à être des coparents et à maintenir un dialogue serein et constructif entre eux.
Beaucoup de parents n’imaginent pas que des injustices sont subies au sein des tribunaux de la famille, injustices dont les enfants sont les premières victimes car ils sont l’objet de ces conflits et utilisés comme otages. Ces injustices peuvent entraîner des drames comme des ruptures de liens parent-enfants, devenues irréversibles.
Mais que signifie« rendre la justice » quand il s’agit d’une séparation parentale ? Comment rendre justice dans un climat serein et apaisé en restaurant la confiance entre les parents ?
Comment assumer au mieux sa fonction de juge de la famille, de médiateur et d’accompagnateur des familles dans un contexte de haut-conflit pour que l’enfant puisse maintenir un lien harmonieux avec ses deux parents ?
Une vision croisée d’une juge belge et d’un médiateur allemand sur la nécessité d’une collaboration interdisciplinaire entre les intervenants pour responsabiliser les parents sur le choc de la séparation pour les enfants et dès lors éviter l’escalade des conflits par la prévention et l’information. Les graines pour un changement de paradigmes sont déjà semées dans l’arrondissement de Dinant et seront volontiers partagées.

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L’artiste

Joëlle Sambi, autrice, féministe, activiste, vient de publier Caillasses aux éditions L’Arbre de Diane, Prix Sacd 2021.

Née à Bruxelles en 1979 où elle passe ses premières années, Joëlle Sambi grandit à Kinshasa et ne revient en Belgique qu’en 2001 pour y poursuivre des études de journalisme.
Autrice, féministe, activiste LGBTQI+, elle soulève des interrogations sur l’identité, sur la norme, l’appartenance, elle est prise entre plusieurs langues et ses écrits en portent les traces. Elle dit, crie, crée des nouvelles, roman, slam, poème, documentaire, espace radiophonique, lieux militants. Bien qu’elle dissocie sa provenance et son travail d’écriture, le Congo, son histoire et la Belgique contemporaine sont néanmoins présents en filigrane dans ses récits ainsi que dans ses projets.
Elle est l’autrice de plusieurs nouvelles dont Je ne Sais pas Rêver en 2003 ; Religion Ya Kitendi publié chez Gallimard (Mercure de France) et Prix du Jeune Écrivain 2005. Elle reçoit le Prix du jury « Gros sel » en 2008 pour son roman Le monde est gueule de chèvre, publié chez Biliki en 2007. Pendant un temps, elle a publié régulièrement sur son blog « Solola Bien » (joellesambi.tumblr.com). Elle a écrit et se produit des les spectacles « Congo Eza » et « Fusion » (tous deux produits par Lezarts Urbains). Son premier recueil de poèmes, Caillasses, est sorti aux éditions de L’Arbre de Diane en septembre 2021.
Joëlle Sambi est également co-présidente de l’Euro Central Asian Lesbian Community, première organisation lesbienne d’Europe et d’Asie Centrale, ainsi que membre du Belgian Network For Black Lives.

Le concept de loyauté est utilisé dans des acceptions variées pour le meilleur et parfois le pire. Il trouve ses fondements dans l’approche contextuelle développée par le psychiatre Ivan Boszormenyi-Nagy.
Lors de ces journées, nous avons commencé par situer les bases de l’approche contextuelle, afin que la loyauté n’apparaisse pas comme un concept isolé mais bien enchâssé dans un tout qui lui donne son sens et sa densité.
Nous avons vu comment la loyauté met en scène au minimum trois protagonistes puisqu’elle se définit comme une « priorité d’égard » (Boszormenyi-Nagy, 1973) vis à vis de l’un ou de l’autre, selon ce qui a été précédemment reçu et donné dans l’histoire du lien.

Nous publions pour vous quelques extraits de ces journées d’étude sur les loyautés.

LUNDI 20 MARS 2023

9h-12h30
Entre obligation et opportunité, ce qu’est vraiment la loyauté.

Stéphanie Haxhe.

14h-17h
Loyauté empêchée, loyauté refusée : comment éviter les pièges de certaines mesures en protection de l’enfance ?
Sophie Houben.

MARDI 21 MARS 2023

9h-12h30
Dette de vie, dette de survie…: comment s’adapte la loyauté dans les situations d’exil et de handicap ?

Catherine Lebrun.

14h-17h
La loyauté à propos du couple, c’est quoi en fait ?
Marie-Christine de Saint-Georges.